RER Métropolitains : le gouvernement fait le choix d’écarter la SNCF !

« Le combat que je souhaite engager pour les années à venir, c’est celui des transports du quotidien, c’est celui de l’ensemble des mobilités prioritaires à mes yeux » annonçait Emmanuel Macron le 1er juillet 2017.


Comme souvent en macronie, la promesse ne sera suivie d’aucun effet, pire Emmanuel Macron fera adopter en 2018 une réforme du ferroviaire qui casse la SNCF et prépare l’arrivée de la concurrence.
C’est dans ce contexte que nous avons débattu il y a quelques jours d’une loi dite « RER Métropolitains » qui a pour objectif de doter les métropoles d’un RER sur le modèle existant à Paris.
Si je partage l’objectif politique de développer les réseaux de transports publics en commun, il faut entrer dans les détails du texte de loi pour mesurer à quel point cette loi n’est pas à la hauteur des enjeux. Elle représente même une nouvelle attaque contre l’opérateur historique qu’est la SNCF.
En effet, la Société du Grand Paris (SGP), qui sera renommée « Société des Grands Projets » sera à la manœuvre pour réaliser la conception et à la maîtrise d’ouvrage des infrastructures nécessaires à la réalisation des services express régionaux métropolitains. Comme je l’ai rappelé en séance, nous considérons que la maitrise d’ouvrage doit être assurée par l’opérateur historique qu’est la SNCF. Rien ne justifie un transfert de compétences à la « Société des Grands Projets » si ce n’est la volonté de continuer à détruire la SNCF.


Sans entrer dans les détails, je souhaite ici insister sur les dangers de confier la conception et la maîtrise d’ouvrage à la future « Société du Grand Paris (SGP) » au regard des drames humains que nous constatons sur les chantiers parisiens depuis plusieurs années. Des drames qui sont le résultat d’un choix assumé : celui d’un recours massif à la sous-traitance. Un recours qui répond à une seule réalité, celle de faire des économies sur le dos des salariés, y compris quand certains d’entre eux le paient de leur vie.


Le 07 mars, Franck, âgé de 58 ans, est mort sur le chantier de la ligne 16 du métro francilien, s’inscrivant dans le projet du Grand Paris Express. Depuis 2020, 18 personnes ont été victimes d’un accident du travail sur ce chantier. Quatre en sont mortes. Des chiffres inquiétants qui démontrent que les conditions de travail sont loin d’être optimales, et que les décès et les accidents s’accumulent dans l’indifférence des décideurs politiques et des donneurs d’ordres. Pourtant en France, en 2023, personne ne devrait mourir sur son lieu de travail.


Le journal Le Monde épingle la surutilisation de l’intérim et de la sous-traitance sur le chantier du grand Paris Express, un modèle économique à moindre coût qui favorise les accidents du travail, les risques et la pénibilité. Cette avalanche de contrats précaires orchestrée par les compagnies privées, avec le soutien du gouvernement, met en péril la vie des travailleurs dans le but de faire des économies en s’appuyant sur des petits contrats précaires. Le gouvernement, friand de ce type de modèle de travail qui fait baisser artificiellement la courbe du chômage, met en place une politique favorable à la sous-traitance et l’intérim en cascade. Sur le Grand Paris Express, les syndicats estiment qu’il y a entre 60 et 75% de travailleurs sous-traitants et d’intérimaires. Inquiétant.
 
Si les RER Métropolitains peuvent constituer un projet intéressant aussi bien en termes de mobilité durable qu’en aménagement du territoire, leur construction ne peut se faire sur le dos de milliers de travailleurs précaires sujets à des risques importants d’accidents du travail. L’explosion des contrats d’intérimaires et de la sous-traitance dans les métiers de la construction est un véritable danger pour la protection des travailleurs et pour leurs conditions de travail. Sur le chantier du Grand Paris Express, derrière les belles images de communication se cache une triste réalité : cadences infernales, barrière de la langue entre les travailleurs, manque de formation, la course aux profits se fait sur le dos d’une masse de jeunes précaires épuisée et en danger.

Le rail est l’apanage de la SNCF et seul cet opérateur historique, constitué de salariés dotés d’un savoir-faire et d’une expertise poussée, devrait être aux manettes d’un tel projet. Oui au développement de la mobilité verte, mais pas à n’importe quel prix !

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