Face aux promoteurs de la haine, nous serons toujours du côté de la solidarité et de l’humanisme.

L’horreur d’abord, l’émotion ensuite. Alors que nous étions en séance parlementaire, nous avons appris le terrible drame d’Annecy. Un homme s’est attaqué à des enfants avec un couteau. C’est un effet de sidération qui s’est emparé de moi, et de mes collègues. Sidération, car nous avons toujours du mal à nous dire qu’une telle chose s’est produite. Sidération car s’attaquer à des enfants est inimaginable. Il faut d’abord saluer l’extrême rapidité, et le courage, avec lequel des passants et les policiers sont intervenus pour stopper l’itinéraire mortel de cet individu. Sans eux, le bilan aurait pu être beaucoup lourd. La minute de silence que nous avons observé à l’Assemblée nationale fut intense. Un court moment de répit et de respect collectif avant un spectacle pitoyable offert par la droite, l’extrême-droite et la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé.

Peu importe que des enfants soient entre la vie et la mort. Peu importe que des parents soient plongés dans une terrible angoisse. Seul compte pour certains le racolage électoral. À peine la nationalité syrienne de l’individu divulguée, les charognards se sont jetés sur leurs claviers ou ont couru vers les micros tendus pour déverser leur haine raciste. L’occasion était trop belle de montrer du doigt l’étranger, le migrant, le demandeur d’asile. Tous avaient en tête une cible, le musulman. Cela avait commencé la veille avec la polémique organisée par la Une du Parisien sur la soi-disant invasion des « Abayas » dans nos écoles. À chaque fois la recette est la même. Diviser le peuple uni qui se bat contre la bourgeoisie en ciblant le musulman. Dans un article du Figaro, nous sommes même accusés de « glissement communautariste ». J’assume, et je le ferai à chaque fois, d’avoir pris position pour dire que ce racisme décomplexé était insupportable.

Quelques heures après le drame d’Annecy, voilà que les pyromanes étaient pris à leur propre jeu. Au fil de la journée, on apprenait que l’assaillant était rentré légalement sur le territoire français, qu’il avait un statut de demandeur d’asile et qu’il était chrétien d’Orient. Nous voilà bien loin du profil du terroriste musulman. Pendant que l’extrême-droite tentait de sauver son opération de communication, Éric Ciotti annulait sa conférence de presse exceptionnelle prévue le soir même. Au final, le profil qui se dessine est celui d’un homme psychologiquement dérangé, loin d’être radicalisé au nom d’une idéologie.

Cette séquence aura montré combien certains sont prêts à utiliser des drames humains pour servir leur agenda politique. À l’heure où Gerald Darmanin s’apprête à ouvrir un débat sur l’immigration, nous avons eu hier un aperçu des arguments nauséabonds que certains sont prêts à déverser dans le débat public. Face aux promoteurs de la haine, nous serons toujours du côté de la solidarité et de l’humanisme.

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