Conférence « Travail en Migration » par l’Institut Convergences Migrations  

Lundi 5 juin, j’étais présent à la conférence internationale « Travail en Migration » organisé au Collège de France par l’Institut Convergences Migrations.  
 
Une journée riche en enseignements dans la perspective, notamment, de la lutte législative contre le prochain projet de loi sur « l’immigration et l’intégration », examiné à l’Assemblée nationale en automne.
 
Chercheurs, économistes, sociologues, anthropologues et historiens ont démontré comment le travail, pierre angulaire des politiques migratoires, est au cœur d’une division internationale et genrée du travail qui structure de nombreuses inégalités.  
 
Les discours utilisés pour justifier l’hyper-mobilité du capital depuis les années 1980 ont contribué à la montée des inégalités au Nord comme au Sud, à la fragilisation de l’État social et au développement de courant politiques anti-migrants.
 
Une plus grande ouverture migratoire est possible, à condition de repenser le fil de l’histoire de l’égalité et de la construction de l’État social. Cela suppose de considérer comme prioritaires, d’une part le passage de l’État social-national (centré sur les États nation du Nord) à l’État social-global et, d’autre part, la transformation structurelle du notre système économique et de notre fiscalité internationale.
 
Les études sont unanimes, les discriminations à l’entrée dans le marché du travail sont persistantes et touchent en particulier les populations dont l’origine suggérée est africaine, notamment maghrébine.
 
Il faut sortir des politiques dites de la « Diversité » dans les entreprises qui sont uniquement symboliques et ont peu d’effet sur les groupes minoritaires dans les organisations de travail. Purement utilitaristes, elles sont mises au service de la performance et du profit et contribuent à un effacement de la question raciale des discriminations. En effet, on y retrouve des programmes et des discours abstraits, qui célèbrent toutes les différences individuelles (handicap, genre, orientation sexuelle). Le silence des politiques publiques à ce sujet constitue un véritable obstacle pour avancer sur le sujet du racisme au travail.  
 
Enfin, malheureusement relayée au second plan, la question de la santé pour les migrants au travail doit redevenir une priorité. En effet, la question de l’emploi et des salaires a longtemps dépassé celle de la santé. Or, les études démontrent que les travailleurs migrants souffrent dès 50 ans de douleurs qui touchent les autres salariés 20 ans plus tard. Ils sont plus exposés au risques psycho-sociaux et leur espérance de vie est plus restreinte.
 
À l’heure où la droite et l’extrême droite entendent s’attaquer à l’aide médicale d’État (AME) – véritable aberration compte tenu de l’enjeu de santé publique et de la pandémie qu’on a vécue – la lutte pour la santé des migrants doit être une priorité.

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