Pas de paix sans réponse politique concrète

Ce mardi 27 juin 2023 à 8h19, une voiture jaune s’est encastrée sur un poteau à Nanterre après une intervention policière. Je découvre, comme beaucoup d’autres, la vidéo à peine quelques heures plus tard sur les réseaux sociaux. Des images qui suscitent immédiatement de la stupeur et de la colère. 48 heures après, je me dis « heureusement que des gens ont filmé ». Oui, car sans ces vidéos, un jeune de plus serait mort sans que la question de l’usage de l’arme par le policier ne soit posée. Très rapidement, les policiers, aidés par des médias aux ordres, écrivent leur propre histoire. Celle d’un contrôle routier qui tourne mal, suite au comportement dangereux d’un délinquant multirécidiviste. Un tissu de mensonges qui vise une stratégie claire, salir la mémoire de Nahel et présenter l’action des policiers comme indispensable pour protéger les autres. D’abord, grâce aux images vidéo, on s’aperçoit que jamais le fonctionnaire de police n’est mis en danger par le refus d’obtempérer. JAMAIS. Ensuite, Nahel n’avait pas de casier judiciaire. AUCUN. Des policiers ont donc sciemment menti pour justifier cette mise à mort. S’ils ont menti, c’est aussi parce qu’ils se sont sentis autorisés à le faire, tant le nombre de cas de violences policières, de morts causés par des policiers, n’est jamais sanctionné. Il faut dire les choses telles qu’elles sont, il y a une sorte d’immunité pour les policiers violents et racistes. Depuis des décennies, les habitants des quartiers populaires subissent des contrôles aux faciès, des brimades, des humiliations, des violences, dans une indifférence totale de la classe politique et médiatique de ce pays.

La mort de Nahel a, une fois de plus, été celle de trop. Mort trop jeune, mort pour rien. Si la colère était attendue après un tel drame, c’est la tentative de justification et de mensonge qui a fait jaillir la flamme de la révolte. Sans ces vidéos, Nahel serait une statistique. Tout simplement. Contrairement à ce que certains veulent faire croire, il ne s’agit pas d’un fait divers. C’est une mise à mort par un policier qui savait qu’il allait tuer en tirant à cette distance. Pour reprendre les mots des avocats de la famille, nous sommes face à une exécution.

Aussi comment ne pas être en colère. Oui, la colère qui s’exprime est compréhensible, elle est même légitime. Des gens ont perdu un ami, un proche, un enfant. L’immense majorité des habitants des quartiers populaires se sont identifiés à Nahel, se disant « cela aurait pu m’arriver à moi ou à un de mes amis ».  La question des violences policières à destination des noirs et des arabes est systémique. En atteste l’étude de l’ancien Défenseur des droits, qui indique que les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont « une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés et vivent des relations plus dégradées avec les forces de l’ordre » que le reste de la population. Combien de fait avons-nous  en tête, dans lesquels des policiers ont été couvert par leur hiérarchie ? Une enquête documentée de StreetPress montre que sur 47 morts durant la période 2007-2017 à la suite d’une intervention policière, aucune n’a donné lieu à de la prison ferme pour des policiers. Plus récemment, nous avons en mémoire l’affaire de Michel Zecler qui, le 21 novembre 2020, est passé à tabac par plusieurs policiers dans son studio de musique à Paris et qui a pu être innocenté grâce à la vidéo de surveillance de l’appartement, les policiers ayant dans un premier temps menti sur les faits. Avec Nahel, le scénario a tenté de se reproduire. Comme si une vie humaine pouvait être volée en toute impunité. Nous ne voulons plus accepter cela. Plus jamais.

Et maintenant ? Je le dis avec clarté, il n’y aura pas de retour au calme sans réponses politiques. Nous ne sommes pas face à des émeutes, mais à des révoltes. Des révoltes qui exigent des réponses politiques concrètes.

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