Le mouvement de révolte dans le monde agricole s’étend et prend de l’ampleur. Rien d’étonnant lorsque l’on connaît les conditions de vie et de travail de celles et ceux qui nourrissent le pays. Depuis des mois, la colère est présente, mais le gouvernement regarde ailleurs. Aujourd’hui ça explose !
Comment pourrait-il en être autrement alors même que 18 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté ? Les chiffres sont terribles, la souffrance extrême. Sur les trois dernières années, c’est le secteur agricole qui est touché par la hausse la plus importante de mortalité au travail. En 2019, 114 personnes étaient mortes au travail, contre 152 en 2022. Soit une augmentation de 33 % !
Alors que la majorité des agriculteurs n’arrivent pas à vivre de leur travail, l’argent ne manque pas. Au niveau européen, l’agriculture profite d’un large portefeuille, via la Politique agricole commune. Premier budget de l’Union européenne, elle représente un investissement financier conséquent de près de 350 milliards d’euros sur sept ans.
Problème : le calcul de la division de ce portefeuille favorise largement les giga exploitations agricoles au détriment du reste des agriculteurs européens. En refusant de conditionner les aides versées aux agriculteurs en fonction de la main d’œuvre embauchée, mais en continuant de les lier à la superficie des exploitations, la PAC favorise le modèle agro-industriel des fermes-usines géantes, en partie responsable de la destruction de la biodiversité et du dérèglement climatique.
Défendue au Parlement européen par les macronistes, la droite et l’extrême droite, qui font croire aujourd’hui qu’ils se tiennent aux côtés de nos agriculteurs, cette politique s’inscrit dans la lignée des logiques de rentabilité qui ont mis l’agriculture et les paysans européens au pied du mur, provoquant la disparition d’un quart des agriculteurs en 10 ans.
Aujourd’hui, une grande partie de la droite française tente de faire croire que ce sont les normes européennes en matière d’environnement qui asphyxie le travail des agricultrices et agriculteurs français, mais il n’en est rien. Deux grands problèmes entravent le milieu agricole : la marge des distributeurs, bien plus élevée que le coût de production des produits agricoles, favorisant les superprofits des multinationales de la grande distribution, et la politique de libre-échange qui entraîne une concurrence déloyale à l’égard de nos paysans. Le dernier en date, signé avec la Nouvelle-Zélande, entraînera l’importation de 10 000 tonnes annuelles de viande bovine, 15 000 tonnes de beurre, 25 000 tonnes de fromages ou encore 15 000 tonnes de lait en poudre. Des produits que nous avons déjà ici !
Plantés dans les champs français depuis plusieurs jours, la droite, les macronistes et l’extrême droite tentent de faire croire aux agriculteurs qu’ils sont de leur côté. Pourtant, ce sont bien des eurodéputés de leur groupe qui votent à tout-va des accords de libre-échange désastreux pour notre modèle agricole, sans parler de la Politique agricole commune qu’ils ont largement défendu !
Non, les agriculteurs n’ont pas intérêt à voir les normes européennes de protection de l’environnement disparaître. En revanche, ils réclament la sortie du modèle de libre-échange et la révision de la PAC pour qu’enfin, leurs produits retrouvent un prix juste, entrainant mathématiquement la revalorisation de leur condition de vie. Voilà le modèle que notre groupe continuera de porter, à l’Assemblée nationale, au Parlement européen, et dans la rue, aux côtés des personnes mobilisées !