Bruno Le Maire a récemment annoncé « convoquer » Jean Pierre-Farandou, PDG de la SNCF, pour que l’on lui explique l’accord sur l’aménagement des fins de carrière des cheminots, qu’il a jugé « insatisfaisant ».
La mesure, qualifiée de « provocante » pour ceux qui « travaillent dur » par le Ministre de l’Économie, est une mesure légitime pour les cheminots dont la pénibilité du travail est avérée. Lors des discussions sur la réforme des retraites, le gouvernement avait lui-même renvoyé les salariés exerçant des métiers pénibles à des négociations de branche. C’est ce que les cheminots ont fait avec cet accord signé entre les 4 syndicats représentatifs, fait rare, et la direction de la SNCF.
Mr Le Ministre s’est fâché de n’avoir « pas été prévenu ». Cela est pourtant logique : Bercy n’est consulté que sur les mesures engageant la trajectoire financière de la SNCF. Or celle-ci coûtera 35 millions d’euros au groupe de transports, un coût 10 fois inférieur aux enveloppes des augmentations annuelles et d’autant plus anecdotique lorsque ramené aux 10 milliards d’euros que représente la masse salariale de l’entité publique.
Bruno Le Maire est bien moins véhément quand le patron de Stellantis se verse plus de 36 millions d’euros de salaire alors même qu’il supprime des milliers d’emplois en France.
Dans sa course à la libéralisation des services publics, le gouvernement Macron s’indigne que la SNCF, qu’il a lui-même mise dans le champ concurrentiel depuis 2018, pratique le dialogue social comme toutes les autres sociétés. On trouve d’ailleurs des accords similaires chez nombre d’entreprises privées : Michelin, Orange, Air France… Ce que Bruno Le Maire appelle un « dysfonctionnement », ce sont les salariés qui s’organisent et luttent pour défendre leurs droits.
Cet accord est une avancée majeure pour les fins de carrière des cheminots aux métiers pénibles qui assurent une mission de service public essentielle aux usagers. Il reflète l’inacceptabilité de la mortifère réforme des retraites voulue par le gouvernement, qui ôte aux salariés leur droit au repos et à la vie en bonne santé.
Le gouvernement doit respecter les termes de cet accord conclu dans le plus strict respect de la démocratie sociale.