Samedi, je me suis rendu à Hendaye avec ma collègue députée Sylvie Ferrer dans le cadre du projet de loi « immigration » porté par Gérald Darmanin. Nous avons fait le choix de nous rendre à la frontière franco-espagnole car elle est l’un des symboles de la politique répressive de la France. Il faut savoir qu’il existe normalement 37 points de passage entre les deux pays mais qu’à l’heure actuelle, seuls 28 sont « ouverts ». Il s’agit cependant d’un grand mot tant que les contrôles sont permanents. Depuis 2015, les autorités françaises ont rétabli les contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen, et si cela a d’abord concernée la frontière franco-italienne, nous voyons une situation similaire se produire à la frontière franco-espagnole depuis 2018.
Depuis plusieurs mois, des associations dénoncent des contrôles discriminatoires qui violent les droits des personnes. De très nombreux témoignages attestent de contrôles aux facies ainsi que des décisions de refoulement en dehors de tout cadre procédurale comme par exemple l’absence d’interprète ou d’examen de la situation individuelle de la personne.
Avant de visiter le CRA d’Hendaye, nous avons avec Sylvie Ferrer et Miren Echeveste, élue de Podemos, rendu hommage aux républicains espagnols pour leur combat face à la dictature fasciste espagnole. Dans un contexte de montée des haines, nous avons rappelé combien la solidarité était centrale pour faire reculer le fascisme.
La visite du CRA (centre de rétention administratif) fut un moment important de la journée. Au moment d’y pénétrer, nous comptons 29 personnes en rétention pour une capacité de 30. Comme le dira lui-même le commissaire en charge de nous faire visiter « il est rare qu’il soit en sous capacité ». Cela en dit long sur la politique de répression menée par la police française. Visiter un CRA est toujours un moment particulier. C’est un espace qui n’est pas de la détention mais où les gens sont quand même « retenus » avec le temps qui s’arrête. En prison vous avez un horizon de libération, ici non. La seule fenêtre est celle des 90 jours. Après cette date, le juge des libertés est dans l’obligation de statuer et de « libérer » si l’expulsion n’a pas eu lieu. En vérité ils se retrouvent assignés à résidence selon la dernière adresse communiquée. Les locaux du CRA d’Hendaye sont d’une très grande vétusté et aucune activité n’a lieu. Les « retenus » ne disposent par exemple d’aucune bibliothèque. Afin de les aider, et de les informer sur leurs droits, l’association la CIMADE dispose d’un bureau à l’intérieur du CRA. Très souvent la file est sans fin devant cette porte qui représente pour eux le seul espoir de sortir de cette spirale infernale.
En fin de journée nous avons tenu à Hendaye une réunion publique pour expliquer en détail la loi « immigration » et les dangers qu’elle représente. La version sortie du Sénat est un programme d’extrême-droite violent et raciste qui fait sauter toutes les protections. Il faut dire les choses, un tel texte menace directement la vie de milliers de personnes. Au cours de cet échange, nous avons rappelé que la France Insoumise mènera dans quelques jours un combat frontal contre ce texte, à la fois en commission et en séance. Face à la France des barbelés nous défendrons la France de l’accueil, de l’humanisme et de la dignité !