Deux cent onze sénatrices et sénateurs ont voté favorablement en faveur d’une proposition de loi visant à réduire, voire à interdire sur certaines périodes, le droit de grève. C’est une proposition de loi aux relents réactionnaires, qui trouve son inspiration dans une loi antigrève adoptée en Italie dans les années 2000.
Le texte prévoit, entre autres, de neutraliser 30 jours par an (parmi lesquels seuls 7 peuvent être consécutifs) durant lesquels la grève serait interdite aux heures de pointe. Cette interdiction d’exercer le droit de grève serait applicable sur les vacances scolaires, les jours fériés, les élections et les référendums ainsi que lors des “événements d’importance majeure sur le territoire français”.
A rebours des discours populistes de la droite sénatoriale et d’une partie de gouvernement, les usagers sont avant tout pénalisés au quotidien par des années de sous-investissement dans le service public. À titre d’illustration, en région parisienne, on estime que les grèves dans les transports publics, ces dernières années, n’ont représenté que 3 % des dysfonctionnements. Ainsi, dans 97 % des cas, il s’agit d’incidents liés à la vétusté du matériel, à la surcharge du service, aux saisons, aux signaux d’alarme défectueux ou à des cas de suicide sur la voie ferrée ou routière.
J’ai ce soir une pensée pour les femmes et les hommes qui se sont battus, parfois au péril de leur vie, pour gagner le droit de grève. Un droit conquis de haute lutte que les libéraux tentent inlassablement de remettre en cause. Un droit constitutionnel qui demeure l’outil de pression ultime dont disposent les travailleuses et travailleurs pour revendiquer leurs droits ou préserver des conquis sociaux.
À l’Assemblée nationale, avec mon groupe parlementaire, je m’opposerai avec force à ce texte qui s’attaque aux salariés et à l’exercice de leur droit de grève.