Depuis samedi matin et l’offensive lancée par les combattants du Hamas contre l’État d’Israël, une onde de choc traverse le monde. Il faut dire les choses sans détour : nous condamnons toutes les attaques, toutes les actions terroristes, toutes prises d’otages qui visent des civils, qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes. Cela est contraire au droit international, et nous le condamnerons toujours. J’adresse ici toute ma compassion et mes pensées aux victimes israéliennes et palestiniennes.
La première des urgences doit être un cessez-le-feu immédiat. Je regrette que depuis samedi, alors qu’elle a publié deux communiqués de presse, jamais la diplomatie française n’a parlé de paix, ni de cessez-le-feu. C’est une rupture fondamentale et gravissime avec la position historique de la France. C’est un déshonneur pour notre pays de s’aligner sur les positions du gouvernement d’extrême-droite suprémaciste Israélien. Plutôt que d’alimenter des polémiques indignes, Élisabeth Borne ferait mieux de s’occuper de faire entendre la voix de la France pour imposer ce cessez-le-feu. Depuis trop longtemps, notre pays est silencieux alors même que le droit international est violé en toute impunité par Israël et que toutes les résolutions de l’ONU condamnant la colonisation et les pratiques illégales de l’État d’Israël ne sont pas respectées.
Il faut dire les choses de manière claire : c’est la justice qui est la condition d’une paix durable.
Dire cela n’est pas cautionner les actions du Hamas, ni les comprendre ou faire preuve d’antisémitisme comme essayent de le faire croire les marconistes. Si nous voulons que la paix s’installe, il faut, comme l’a expliqué ce matin sur France Info Dominique Moisi, géopolitologue français, « prendre du recul pour comprendre d’où vient cette barbarie », ajoutant au passage qu’elle « est le produit d’une humiliation extrême ».
Toutes celles et ceux qui refusent de contextualiser sont disqualifiés pour donner des brevets de recevabilité. Dans son édito du jour dans La Croix, Isabelle de Gaulmyn souligne que « au fil d’années de tergiversations internationales, d’indifférence et de la politique nationaliste israélienne, on est en arrivé là ». Loin des caricatures qui sont faites de nos positions, Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, à ce matin sur France Inter dit que la bande de Gaza était « une prison à ciel ouvert ! Un pot de pus sur laquelle la communauté internationale n’a pas voulu regarder ». La politique suprémaciste de l’État d’Israël, la mise en place d’un apartheid, la colonisation, l’occupation, le blocus de Gaza, l’expulsion de force des familles de leurs maisons, les raids des colons armés dans les villages palestiniens, sont la première violence. Ignorer la source du problème comme tentent de le faire certains, pour se jeter aveuglement en soutien d’un gouvernement d’extrême droite qui ne rêve que d’exterminer le peuple palestinien est indigne. Il déshonore la voix de la France.
Depuis des mois, des ONG, y compris israéliennes, alertent sur l’accélération des actions violentes contre les palestiniens. Dans les colonnes de l’Humanité, Efraim Dadivi, membre du parti communiste israélien, pointe du doigt la responsabilité « du gouvernement fasciste israélien responsable de l’escalade brutale et dangereuse qui a couté la vie à de nombreux citoyens innocents ». Il indique que ces attaques se sont produites « à la fin d’une semaine choquante au cours de laquelle les colons se sont déchaînés dans les territoires occupés sous les auspices de leur gouvernement, ont profané la mosquée al-Aqsa et ont perpétré un autre pogrom à Huwara (ville palestinienne près de Naplouse déjà attaquée il y a quelques mois par les colons) ». Son compatriote Gideon Levy, journaliste chez Haaretz, souligne que ce qu’il s’est passé est « le résultat de l’arrogance d’Israël. Croire qu’il peut continuer avec le siège de Gaza, à mettre 2 millions de personnes en cage et ne jamais en payer le prix ». Il précise en indiquant que « les gens sont assiégés. Ils sont mis en cage depuis 17 ans. Et la seule façon de rappeler au monde et à Israël leur problème est la violence. Quand ils restent immobiles, quand ils restent assis, personne ne se soucie d’eux ». Alors que de nombreuses voix, y compris en Israël, dénoncent la responsabilité du gouvernement d’extrême-droite dans la spirale de violence, la France aligne sa communication sur celle de Netanyahou. N’oublions pas les propos d’Itamar Ben-Gvir, colon, suprémaciste juif, raciste et homophobe, qui le 23 août dernier, dans un entretien accordé à une chaîne israélienne, déclarait : « Mon droit, ainsi que celui de ma femme et de mes enfants, de circuler sur les routes de Judée-Samarie, est plus important que le droit de circuler des Arabes ».
La France, par la voix de sa première ministre, va-t-elle aller jusqu’à soutenir les propos du ministre de la Défense israélienne qui a dit ce matin « J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence » ? Pour notre part, jamais nous n’accepterons de tels propos, jamais nous ne nous tairons sur le massacre du peuple palestinien, sur l’exigence de respect du droit international et sur la dénonciation du terrorisme d’État pratiqué par l’État d’Israël.
Humilier des gens, les expulser de leur maison, leur imposer un blocus qui entraine mort, désolation et désespoir, ne peut produire que haine et colère.
La violence entraine la violence. Depuis 2008, Israël a mené plusieurs opérations militaires d’ampleurs qui ont conduit à des milliers de morts, le plus souvent des civils, dont énormément d’enfants. On compte dans les geôles israéliennes 5 200 détenus politiques dont plus de 1 200 de manière administrative, c’est-à-dire sans avoir de droits, sans savoir quand ils sortiront. Pourtant, je n’ai jamais été invité sur un plateau télé pour réagir, je n’ai pas vu de communiqué de presse ou de tweet de membre de la majorité pour s’en indigner.
La tour Eiffel a-t-elle été un jour éteinte en mémoire des palestiniens tués par l’armée israélienne ? Jamais. Pour certains, il existe apparemment des victimes qui ont plus de valeurs que d’autres. Nous refusons cette hiérarchisation, toutes les vies civiles perdues sont un drame, qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes.
Je le redis avec force et conviction, nous ne nous tairons pas face à celle et ceux qui se drapent dans leurs beaux habits de vertu pour tenter de faire naître l’idée qu’il y aurait un combat entre la civilisation et la barbarie, sans jamais évoquer l’histoire et l’humiliation permanente subit par le peuple palestinien. Comment ne pas condamner les propos honteux de François Hollande ce matin sur France Inter, pour qui « une erreur de Benyamin Netanyahu a été de poursuivre la colonisation en Cisjordanie ». Non l’erreur ce n’est pas la « poursuite de la colonisation », c’est la colonisation tout simplement. Comment un ancien Président français peut-il apporter son soutien à des pratiques contraires au droit international ? Ces gens ont perdu toute boussole et sont complices du pire.
Pour terminer, je reprendrai les mots de Efraim Davidi, pour qui le retour à la paix ne passe que par une solution : « mettre fin à l’occupation et reconnaître les revendications et droits légitimes du peuple palestinien ».
La France doit exiger un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des massacres dans la bande de Gaza, et la fin de la colonisation et des politiques d’apartheid. Tant que les droits du peuple palestinien, que son territoire et que son droit de vivre dignement ne seront pas respectés, il n’y aura pas de paix possible.